• Aâma

     

    Aâma

     

    Scénario :   Frederik Peeters
    Dessin :   Frederik Peeters
    Genre :   Science-fiction
    Année :   de 2011 à 2014
    Edition :      Gallimard
    Nombre de tomes :   4
    Statut :   Série terminée
    Public :   Tout public, avec réserves



    Aâma tome 1 Aâma tome 2 Aâma tome 3 Aâma tome 4

    L'histoire
    Dans un futur lointain… Verloc Nim se réveille amnésique au milieu de nulle part. Grâce à son journal, qu'un singe-robot nommé Churchill lui remet, il se plonge dans son passé. Verloc y apprend qu'il mène une vie misérable, qu'il a perdu travail, famille et amis depuis qu'il a décidé de vivre en marge d'un monde hypertechnologique. Jusqu'à ce que son frère Conrad l'emmène sur une autre planète pour y récupérer une mystérieuse substance nommée Aâma…

     

    Aâma extrait 01


    Mon avis

    Dire que Frederik Peeters est l’un des meilleurs auteurs de bande dessinée de sa génération n’est pas exagéré. Tant dessinateur que scénariste, cet auteur réussi à officier dans tous les genres (western, drame, biographie, policier, etc.) avec succès, et notamment dans la science-fiction où il excelle avec des titres comme « Lupus », et ici « Aâma », l’une de ses oeuvres qui peut être considérée comme majeures, par son trait, mais également sa portée philosophique, voir métaphysique. Si l’on arrive facilement à comprendre d’où part Peeters dans ses histoires, il peut être difficile de savoir où est-ce qu’il souhaite emmener le lecteur, tant ses conclusions peuvent surprendre. « Aâma » ne fait pas exception. Mais ce titre à ceci de singulier, que Peeters donne à son lecteur la possibilité de pouvoir se promener directement dans son esprit (celui de l’auteur), via l’allégorie de la riche planète Ona(ji) explorée durant quatre tomes, avec une densité rarement atteinte dans le monde de la science-fiction.

    Habilement, Peeters démarre son histoire avec beaucoup de mystère ; un homme sans mémoire qui s’éveille, sur une planète inconnue, et accompagné d’un rebot mi-organique qui va lui servir de guide dans la recherche de son identité. Commence alors une aventure d’un premier abord classique, mais qui va se révéler d’une profondeur impressionnante, l’auteur s’amusant même à créer plusieurs niveaux de flash-back (des flash-back dans le flash-back) avec une ingéniosité et une facilité surprenante. Rare, dans l’histoire de la bande dessinée, la découverte d’un nouveau monde, d’une nouvelle planète, sera aussi bien narrée, celle-ci évoluant au même rythme que l’histoire se déroule, renforçant encore son côté vivant, mais également dangereux. Le travail sur l’environnement créé (l’exploration des planètes, mais également des sociétés futuristes qui se heurtent les unes aux autres) est riche, complexe, et tellement au-dessus des oeuvres auxquelles « Aâma » pourrait être comparé (comme « Les mondes d’Aldébaran », par exemple, dont le concept est similaire). Comme dans toutes ses histoires, c’est l’être humain que Peeters raconte, ses fragilités, ses dérives et son côté sombre. Ici, les thématiques de la filiation, le rôle du père, le socle familial, sont étudiées, racontées, et démembrées. Et plus que tout, Peeters nous raconte clairement que l’amour qu’un parent a pour son enfant est la chose la plus puissante de l’univers. Et que s’il y a un dieu, c’est par cet amour absolu qu’il se matérialise. Face à cette puissante, quasi cosmique, héritée de génération en génération, ciment de tous les êtres humains, aucun être, aucune organisation, aucun cataclysme ne peut l’altérer. Il demeure l’essence absolue de la survie de l’espèce humaine. Oui, l’auteur va jusque-là.

    Frederik Peeters excelle également dans le dessin, évoquant Moebius. Son travail est admirable, et permet, tant par la construction de ses planches, ses couleurs, ses détails et son coup de crayon (qui évolue d’un tome à l’autre) à créer une ambiance unique, organique et dangereuse, à la hauteur de l’exigence d’un scénario dont les enjeux sont pensés dès la première case, et déroulés savamment, lentement, jusqu’à l’apothéose de la dernière page. Une nouvelle fois, la richesse métaphysique de cet univers permet à Peeters d’y exprimer tout son art.

    « Aâma » est sans conteste une oeuvre majeure de la bande dessinée de science-fiction. Et comme toute oeuvre de cette importance, sa lecture est exigeante, parfois ardue, car Frederik Peeters ne prend pas le lecteur par la main pour lui expliquer les ressorts de sa narration. C’est au lecteur de réaliser ses propres cheminements, de relire, de se questionner et d’apporter les réponses qui feront échos à ses propres visions. « Aâma » ne lit pas, elle s’explore.


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