• Les couloirs aériens

     

    Les couloirs aériens

     

    Scénario :   Etienne Davodeau
    Christophe Hermenier
    Joub
    Dessin :   Etienne Davodeau
    Genre :   Chronique sociale
    Année :   2019
    Edition :      Futuropolis
    Nombre de tomes :   one shot
    Statut :   Unitaire
    Public :   Tout public



    Les couloirs aériens couv 01

    L'histoire
    À 20 ans, Yvan considérait les quinquagénaires comme des gars en fin de course. Et ça y est, Yvan vient d’avoir 50 ans. Il a perdu son boulot, sa mère, son père.Et si ce n’est pas la fin de la course, c’est quand même un virage un peu glissant…

    Mon avis
    L’auteur des « Mauvaises gens », Etienne Davodeau (accompagné de ses acolytes Christophe Hermenier et Joub), signe ici, avec « Les couloirs aériens », certainement son meilleur titre depuis « Lulu femme nue ». Il y avait pourtant en effet de quoi faire une histoire bien ennuyante que de traiter de la crise de la cinquantaine, surtout lorsque on loin de cet âge (en amont ou en aval) et que par conséquent le sujet peut demeurer inintéressant. Sauf que c’était sans compter l’incroyable talent de faiseur d’histoires de cet auteur qui aura passé la carrière à raconter des vies banales, tout en les rendant passionnantes.

    Alors, oui cette nouvelle oeuvre parle de la crise de la cinquantaine, mais ce serait plutôt le point de départ de cette histoire qui va emmener son lecteur plus loin que de suivre la simple dépression d’un « jeune vieux ». Toutes les étapes de vie sont l’opportunité de faire un point sur son existence. Une existence qui ne sera plus jamais la même, soit parce que nos proches ont inéluctablement disparu, soit que le corps nous rattrape, soit parce que nos illusions se sont envolées, soit tout cela à la fois. Cela peut arriver à 30 ou 40 ans, mais la cinquantaine a cela de spécifique qu’elle sonne également le fait que l’on a dépassé, quoi qu’il arrive, la moitié de sa vie (les 10 dernières années permettant rarement de pouvoir se lancer dans des projets à l’autre bout du monde). Il convient alors de lui donner un nouveau départ, de nouveaux buts, parce qu’il est encore possible de faire tant de choses, même si les enfants que nous avons été n’existent plus depuis longtemps, nos parents disparaissent, nos enfants sont loin, et nos potes, tout comme nous, commencent à fatiguer. Et pourtant, avec toutes les expériences acquises, tous les gens rencontrés, tout le savoir-faire emmagasiné, il n’est plus que jamais possible de se lancer dans de nouveaux projets, de nouvelles vies et de commencer à accepter. Accepter quoi ? Cela dépend de tout un chacun. Et c’est à travers sa galerie de personnages, tous aussi véritables que Davodeau raconte tout cela avec la finesse de l’étude des comportements humains qui lui est propre. Les dialogues sont criants de vérité ; l’histoire, d’un premier abord telle une chronique sans véritable but, plutôt une déambulation dans les états d’âme du personnage principal, se révèle très bien structurée tout en nous amenant son lot de surprises et d’émotions.

    Graphiquement, on est dans du Davodeau pur jus. Les personnages ne sont ni beaux ni laids, mais réels avec de belles expressions qui permettent de ne pas avoir besoin de rajouter du texte pour comprendre ce qu’il se passe. La structuration même des planches permet beaucoup de dynamisme, surtout que l’auteur choisi d’organiser son récit dans un seul décor, une maison perdue dans la campagne enneigée, parfaite métaphore de l’état psychologique du personnage principal sans qu’il ait besoin de nous le raconter.

    Davodeau fait parler les jeunes avec les vieux, les enfants (qui ne le sont plus) avec leurs parents, nous montre que le passé n’a jamais complètement disparu et que finalement vieillir n’est pas si terrible, il suffit juste de l’accepter. Et que pour cela, les potes restent le meilleur remède à la déprime. Rendez-vous dans dix ans !


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