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    Du sang sur les mains - De l'art subtile des crimes étranges
    titre original : Red handed: the fine art of strange crimes

     

    Scénario :   Matt Kindt
    Dessin :   Matt Kindt
    Genre :   Policier
    Année :   2018
    Edition :      Monsieur Toussaint Louverture
    Nombre de tomes :   1
    Statut :   One shot
    Public :   Tout public


    Du sang sur les mains couv 01


    L'histoire
    À Diablerouge, à la frontière avec le Canada, dans les années 1960, le célèbre Inspecteur Gould se trouve confronté à une vague de criminels singuliers sévissant dans sa ville : une voleuse de chaises proustiennes, un pickpocket amnésique, un don juan aux mille visages… Saura-t-il résoudre toutes ces affaires ? Décèlera-t-il les liens entre elles ? Comprendra-t-il que, dans l’ombre, un être diabolique arme patiemment un piège destiné à l’anéantir, lui et ses idéaux ?

    Du sang sur les mains extrait 01

    Mon avis
    Matt Kindt prouve avec " Du sang sur les mains, de l’art subtile des crimes étranges", qu’il demeure un auteur complet tant dans le policier avec cette dernière oeuvre, que le thriller avec le brillant "Dept H" et le remarqué "Deux sœurs", le récit d’espionnage avec "Super Spy", et même ses histoires de super héros. "Du sang sur les mains" est l’une de ces oeuvres qui va demander au lecteur de faire un effort pour assembler l’histoire afin de la comprendre dans sa globalité.

    Sous la forme de courts chapitres présentant des délits d’abord mineurs, mais condamnables, l’auteur distille sporadiquement des éléments qui prennent petit à petit sens dans une histoire bien plus profonde et plus complexe qu’elle n’y parait d’un premier abord. L’exercice pourrait être rébarbatif, mais Kindt possède suffisamment de métier pour rendre cela passionnant tout en posant systématiquement les mêmes questions : comment le ou la coupable en est-elle arrivée là ? Leurs délits sont-ils condamnables ? Dans l’absolu, certainement, puisque la loi les interdit et les sanctionne. Mais sont-ils également justifiables ? Et c’est la réflexion que construit l’auteur. La loi s’inscrit dans un cadre, un monde idéal où le délit ne peut être que la déviance d’une personne qui, par égoïsme, cupidité, ou folie, faute. Mais parfois, enfreindre la loi peut être une échappatoire, ou la seule manière de parvenir à atteindre à un objectif parfois louable. Parfois encore, la loi ne peut simplement pas être respectée parce que le cadre légal ne correspond plus à une réalité. Si traditionnellement, les histoires qui s’expriment sous la forme de puzzles sont plutôt construites en flashbacks. Ici, pas du tout. Le puzzle se construit avec des éléments donnés par des personnages. Des histoires très courtes qui sont aussi insérées ci-et-là dans la structure globale des livres, accompagnées articles de journaux qui dépeignent l’univers, la ville dans laquelle se jouent ces délits et aussi certains crimes. Si le sens de ces éléments n’est pas tout de suite clair au lecteur, tout prend petit à petit sa place afin de donner un tout très cohérent, voire surprenant. L’auteur sait où il souhaite aller dès la première case. Il convient donc lire tranquillement les pages, pour ne pas perdre les noms de certains personnages, les lieux, ou les dates.

    Les crayons de Matt kindt font des merveilles. Aussi à l’aise au scénario qu’au dessin, celui-ci colle parfaitement à l’ambiance général, avec son trait efficace, ses couleurs pastel qui donnent au lecteur une sensation de détachement afin de lui permettre de recomposer ce puzzle et saisir la vacuité de certains délits et des condamnations. Mais Kindt se paie le luxe d’explorer plusieurs styles afin de permettre au lecteur de dissocier les différents degrés de narration et le conduire plus loin à Diablerouge, la ville de tous les crimes. Certaines pages sont superbes, d’autres surprenantes, reprenant l’esthétisme des magazines pulp des années 30 afin de guider au lecteur dans ce puzzle dont toutes les pièces se seront emboitées que dans les toutes dernières planches.

    "Du sang sur les mains" pourrait passer pour une oeuvre expérimentale par sa forme singulière et sa narration. Mais c’est avant tout une BD policière dans la grande tradition de ses prédécesseurs, qui tente d’apporter une vision intéressante quant à la loi et son application. Tout n’est pas noir, tout n’est pas blanc. Et c’est justement ce qui dissocie l’homme de la machine, la nuance, l’interprétation et la compréhension. L’erreur est possible, et personne n’est pas l’abri de passer un jour à l’acte. Il suffit que les (mauvaises) conditions soient réunies et d’être là au mauvais moment.


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    Kill or be killed

     

    Scénario :   Ed Brubaker
    Dessin :   Sean Phillips
    Genre :   Policier, fantastique
    Année :   de 2018 à 2019
    Edition :      Delcourt
    Nombre de tomes :   4
    Statut :   Série terminée
    Public :   Pour adulte et adolescent


    Kill or be killed tome 1 Kill or be killed tome 2 Kill or be killed tome 3

    Kill or be killed tome 4


    L'histoire
    Après une tentative de suicide ratée, Dylan est sauvé par un démon, qui lui propose un marché. Il doit assassiner au moins un salopard par mois afin de gagner le droit de survivre. Et bien entendu, comme tout tueur, il va devoir pratiquer son premier assassinat, ce qui s’avère plus difficile que prévu… De plus, il se débat pour cacher ce secret qui met lentement sa vie en miette, ainsi que celle de ses proches.

     

    Kill or be killed extrait 01

    Mon avis
    Si certaines ou certains doutaient encore des talents de narrateur d’Ed Brubaker, avec "Kill or be killed", ce scénariste nord-américain devrait mettre tout le monde d’accord. En plus, s’il est rejoint par son binôme Sean Phillips, dont le duo a déjà fait ses preuves sur la fameuse série "Criminal" ou encore "Fondu au noir" ("The fade out"), on est quasi certain de débuter une série d’exception. Et c’en est une ! "Kill or be killed" est une superbe synthèse moderne de la traditionnelle histoire du pauvre type qui se trouve à reprendre son destin en main et du mythe de Faust, de Goethe, dont les possibilités dramaturgiques n’ont pas fini d’être explorées.

    "Kill or be killed" est raconté à la première personne. Et c’est son personnage principal qui tient le crachoir pour partager avec le lecteur ses doutes, ses peurs, ses réflexions, sans jamais que cela tombe dans un roman illustré, malgré la quantité importante de texte. De plus, Brubaker, utilise une petite technique classique mais payante, qui lui permet de renforcer le suspens durant toute l’histoire. En effet, le narrateur nous place régulièrement et spontanément, sans contextualisation, au coeur de scènes clés de sa mission de justicier masqué (des meurtres, des moments où sa vie est en danger). Puis il se ravise et revient en arrière afin de nous raconter les tenants et aboutissants qui l’ont mené à ces instants dramatiques dont nous avons été témoins, et qui se joueront quelques chapitres plus tard. De plus, il n’hésite pas à nous montrer les périls qui se préparent, instaurant une ironie dramatique sur deux niveaux : le personnage principal ne sait pas qu’il est en danger, le lecteur est au courant mais ne connait pas la vraie nature du danger, et le narrateur, qui est ce même personnage, connait tout ce qu’il va se passer (puisque c’est son passé) et nous tient ainsi en suspens.

    De plus, Brubaker oppose la mission altruiste d’une sorte de super héros malgré lui face à la réalité du monde dans lequel nous vivons : comment trouvé des « méchants » ? Comment les choisir ? Comment les arrêter ? Une simple prise de king-fu ne suffit pas ! Comment se battre face à des armes ? Comment les tuer sans se faire remarquer ? Comment ne pas être retrouvé par la police ? Des questions auxquelles notre protagoniste va donc se heurter sans forcément trouver de réponse.

    Bien sûr, l’auteur va plus loin, en confrontant le personnage principal à l’imminence de la mort (lui qui souhait pourtant la trouver) ; il le place face à d’autres questionnement bien plus profond quant au sens de sa propre vie, la manière dont il a grandi, ses parents, ses amis, ses amours, sa propre construction. L’auteur affirme également que nous sommes tous des criminels en puissance, et que face à l’imminence de notre propre trépas, nous sommes potentiellement prêts à tout. Certains pouvant même basculer dans cette sensation de pouvoir décider de qui peut vivre ou pas, tel un pouvoir galvanisant, mais avec lequel on se brule tôt ou tard. Qu’est-ce que prendre la vie d’un meurtrier, d’un violeur ou d’un dealer ? Nous qui pouvons donner la vie, possédons-nous un droit divin qui nous permettrait de juger qui doit mourir ? Qui a perdu sa place parmi les vivants ? Brubaker questionne évidemment sur la peine de mort, sa légitimité, et le prix qu’il en coûte pour celui qui exécute, plus que pour ceux qui condamnent. Il est si facile de condamner, mais c’est autre chose que baisser la manette et de regarder en face celui ou celle qui le mérite, s’il le mérite vraiment…

    Les dessins de Sean Phillips sont nerveux, brutaux, et cinématographiques avec des planches qui parviennent à dégager toutes les dimensions torturées qui éclatent dans la tête du protagoniste principal de l’histoire. La maitrise également des saisons qui passent est très bien rendue, avec une mention spéciale pour l’hivers où la neige se mêle parfaitement bien au sang. Chaque personnage est bien caractérisé, ce qui permet, malgré une narration éclatée, de suivre clairement ce qu’il se passe. Et les peintures oniriques nous offrent quelques moments de luxures démoniaques de toute beauté.

    Le fameux duo d’auteur Brubaker/Phillips ne faillit pas à sa réputation. "Kill or be killed" est une oeuvre qui met en lumière l’un des nombreux côtés sombres de l’être humain, le plaisir de pouvoir tuer sans entrave. Voici une histoire de super-héros sans le côté héroïque, sans pouvoirs et dons spéciaux, où le bien peut être très proche du mal, ou les « méchants » sont aussi les « bons », et inversement. Pour éradiquer le mal, il faut devenir le mal.


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  • RIP

     

    RIP

     

    Scénario :   Gaet's
    Dessin :   Monier
    Genre :   Policier, thriller
    Année :   depuis 2018
    Edition :      Petit à petit
    Nombre de tomes :   2
    Statut :   Série en cours
    Public :   Pour adulte



    RIP tome 1 RIP tome 2


    L'histoire
    Des gens meurent parfois dans l’indifférence générale. Ces gens qui n’ont pas de famille, pas d’entourage, pas d’ami. Ils vont parfois rester longtemps chez eux avant qu’on ne les découvre. Heureusement la société qui emploie Derrick et ses collègues est chargée de faire le ménage avant que toute la famille ne défile. Ce qu’ils découvrent n’est pas toujours beau à voir…

    RIP extrait 01

    Mon avis
    Surprenant et très très glauque. Voici les premiers mots qui viennent à l’esprit lorsqu’on entre dans l’univers morbide à souhait de "RIP" ; comprendre « Requiescat In Pace / Repose en paix ». L’intrigue est née d’une histoire vraie racontée à l’auteur, Gaet’s (Gaëan Petit), par un collègue lorsqu’il faisait des vendanges. Et oui, ces boulots de nettoyeurs de morts existent, mais pas en France, semblerait-il… Pour la petite anecdote, Gaet’s est également soigneur d’animaux sauvages. Et c’est certainement cette casquette singulière qui lui a aussi inspirée cette série. Les animaux en milieu naturel sont prêts à tout pour survivre, les humains peuvent-ils être pire que des bêtes affamées ? La réponse dans le premier tome est claire.

    Si la narration est traditionnelle, c’est sa construction, par tome qui l’est moins. En effet, chaque tome est une histoire unique, mais qui apporte des éléments supplémentaires à la compréhension globale de l’histoire. Dans chaque tome, à la manière d’un one shot donc, le lecteur suit l’un des personnages du groupe de nettoyage, dont la psychologique était juste esquissée dans le tome précédent ou suivant. Ainsi, il demeure un « à suivre » en fin de chaque tome sans en être totalement un. Puis, sont distillées quelques questions qui aiguisent la curiosité dans le cahier graphique qui suit la dernière planche. Une voix off pose l’ambiance (glauque !), les pensées lourdes de sens du protagoniste principal. Le scénariste prend bien le temps de nous raconter son personnage, sa vie, sa misère sociale, avant de faire éclater l’élément déclencheur qui va faire basculer son existence dans le cauchemar (même si elle en demeure déjà proche quotidiennement). L’histoire s’accélère et ne relâche pas le rythme jusqu’à son épilogue qui en dit long sur l’humain, une nouvelle fois. A côtoyer la mort d’aussi proche, une certaine philosophie de vie semble se créer. Même si l’auteur ne cache pas qu’il faut posséder de sérieuses névroses pour effectuer ce travail, des névroses qui seront utilisées comme éléments narratifs très importants dans l’histoire.

    Julien Monier, quant à lui, signe les dessins superbes avec des planches et une mise en cases très cinématographiques. Les personnages, bien que nombreux, sont très vite identifiés et identifiables en un coup d’oeil. Mais ce sont surtout les décors et les cadavres en putréfaction (bien dégueulasses) qui les remplit (eux-mêmes remplis de toutes sortes d’insectes) qui sont impressionnants. Les couleurs froides, proches du sépia, intensifient l’immersion dans l’histoire et permettent aux auteurs ne jamais tomber dans le too much ; une belle leçon graphique.

    "RIP" est une vraie surprise du 9e art. La petite taille du livre cache une belle pagination de plus de 90 pages passionnantes. Là où le zombie était une projection de la société de consommation, le cadavre bien mort, lui, montre qu’il peut devenir un petit business bien lucratif. Et les auteurs enfoncent le clou : au final, nous mourrons toujours tout seul.


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    Le tueur

     

    Scénario :   Matz
    Dessin :   Luc Jacamon
    Genre :   Policier, thriller
    Année :   de 1998 à 2014
    Edition :      Casterman
    Nombre de tomes :   13
    Cycles :   1er cycle : tome 1 à 5
    2ème cycle : tome 6 à 10
    3ème cycle : tome 11 et 13
    Statut :   Série terminée
    Public :   Tout public, avec réserve


    Cycle 1

    Le tueur tome 1 Le tueur tome 2 Le tueur tome 3

    Le tueur tome 4 Le tueur tome 5

    Cycle 2


    Le tueur tome 6 Le tueur tome 7 Le tueur tome 8

    Le tueur tome 9 Le tueur tome 10

    Cycle 3

    Le tueur tome 11 Le tueur tome 12 Le tueur tome 13

    L'histoire
    Ne prendre aucun risque. Rester caché, attendre. Surtout ne jamais donner son nom. Ne pas montrer ses émotions. Et encore attendre. Etre méthodique, froid, implacable. Attendre que la cible soit dans le bon angle, qu’elle ne se doute de rien, que les flics ne se doutent de rien où qu’ils la ferment s’ils ne veulent pas terminer comme la cible. Puis tirer. Faire exploser ce crâne. En terminer le plus vite possible. Pas besoin de faire souffrir. Ne pas prendre plaisir. Juste accepter le boulot, remplir le contrat, et être payé. Tuer ou être tué. C’est la loi des hommes. Juste ou injuste, là n’est pas la question. Ce qui compte, ce de prendre le plus d’argent pour ensuite disparaître.

    Le tueur extrait 01

    Mon avis
    Attention, chef d'oeuvre ! Et qui dit chef d'oeuvre, dit forcément une création pas si facile d'accès. "Le tueur" est une série policière qui a pour premier avantage d'annoncer tout de suite la couleur avec son titre, puisque le lecteur va en effet découvrir l'histoire d'un tueur à gage qui ne s’embarrasse, en aucun cas, de la moindre sensiblerie ou empathie avec sa cible. En revanche, là où le lecteur pourrait se retrouver très vite décontenancé, c'est dans l'approche très singulière du scénariste Alexis Nolent, dit Matz. En effet, jusqu'à la dernière planche des 13 tomes qui constituent la série, Matz va se faire un malin plaisir à ne jamais respecter les codes du genre, à aller à l'inverse d'une narration traditionnelle, jusqu'à limiter les pages d'action que l'on rencontrerait dans ce genre d'histoire à peut-être 10 planches sur l'ensemble des tomes. Nombreux sont les lecteurs qui, d'abord emballés par la série, ont été très déçus par sa fin, la majorité s'attendant à une feu d'artifice, à la manière du "Parrain", de "Scarface" ou des "Affranchis". Mais non, Matz s'en tient à ce qu'il a installé dès le premier tome, l'exploration de l'esprit d'un homme froid, implacable, méthodique, cynique, et parfois extrémiste dans sa vision du monde qu'il raconte tout au long de son histoire.

    "Le tueur" demeure, en quelque sorte, l'autobiographique d'un tueur, racontée donc à la première personne. Ce personnage mystérieux ne révèlera même pas son prénom au lecteur, ne partagera avec lui que très peu de sa vie. En revanche, il lui confiera toutes ses réflexions, sa vision ultra-sombre du monde ; et même si l'on n'est pas d'accord avec ses arguments, il est clair que ses moyens de démonstration sont souvent probants, pour le lecteur qui possède suffisamment de distance pour faire la part de choses et comprendre comment ce tueur a construit sa philosophie de vie.

    L'histoire en tant que telle est souvent prétexte à mettre en scène non de l'action, mais des réflexions sur le monde, la politique, les êtres humains. Evidemment, le tueur va tomber (un peu) amoureux, évidemment les choses ne vont pas se passer comme prévu, évidemment le crime ne paie pas, mais... Rien ne se passera comme prévu, surtout pour le lecteur habitué à une morale américaine et à des histoires de gangsters bien rodées. Certains trouveront cela ennuyant, d'autres palpitant, tout dépendra de ce que l'on recherche. Mais l'histoire étant pensée de bout en bout, l'auteur ne trahira jamais son point de départ et dans une logique aussi froide que le protagoniste principal, celle-ci se déroule dans un rythme lent, ponctué par de nombreux textes où le tueur discute avec le public, l'interroge, tente de le bousculer un peu, puis utilise son arme.

    Graphiquement, chaque tome est superbe, avec des couleurs parfois psychédéliques, qui traduisent les émotions du tueurs. Jacamon s'en donne à coeur joie avec de très nombreux de jeux de lumières, d'ombres et de reflets, les personnages, les objets, les lieux, se reflétant la plupart du temps dans les verres opaques du tueur, le plaçant comme finalement le froid miroir de notre société souvent plus cynique que ce dernier. Les nombreux décors (dont la magnifique jungle, les déserts, les villes) sont immersifs et l'on peut se retrouver à contempler, durant de nombreuses minutes, des planches qui mériteraient d'être exposées tant leur finesse et leur richesse sont saisissantes.

    Oeuvre singulière, immersive, violente, énervante, déstabilisante, le tueur ne peut laisser indifférent. Evidemment, il n'est pas question d'être toujours d'accord avec lui, ce dernier possédant aussi ses paradoxes, ses doutes, ses appréciations excessives qui ne le mènent pas là où il souhaiterait aller. Et c'est justement ce qui en fait la force de son propos : pour survivre dans ce monde, faut-il le fuir, le combattre, ou l'embrasser dans son entièreté ? Ces trois cycles qui constitient la série "le tueur" marqueront pour longtemps l'univers du thriller dans la BD.


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    Puzzle

     

    Scénario :   Franck Thilliez
    Dessin :   Mig
    Genre :   Policier, thriller
    Année :   2016
    Edition :      Ankama Editions
    Nombre de tomes :   one shot
    Statut :   Unitaire
    Public :   Pour adulte


    Puzzle couv 01

    L'histoire
    Passionnés d’énigmes, enquêtes et autres chasses au trésor, Ilan et Chloé rêvent de participer au jeu ultime : Paranoïa. Un jeu dont tout le monde ignore les règles et la façon de commencer une partie, mais dont le vainqueur remportera 300 000 €. Le jour où Chloé découvre une porte d’entrée, elle propose à Ilan de tenter l’aventure avec elle. Ils reçoivent rapidement la première règle du jeu : "Quoi qu’il arrive, rien de ce que vous allez vivre n’est la réalité. Il s’agit d’un jeu", suivie de la deuxième : "L’un d’entre vous va mourir". Quand les joueurs trouvent un premier cadavre, la distinction entre le jeu et le réel devient de plus en plus difficile à établir. La partie est lancée !

    Puzzle extrait 01

    Mon avis
    Franck Thilliez s'essaie à un exercice des plus difficiles, adapter son propre roman en bande dessinée, et il y parvient avec brio même si l'on se doute que Mig (Laurent David de son vrai nom) n'y est pas pour rien dans ce défi relevé. En effet, si l'intrigue, bien que maitrisée (quelques ellipses auraient peut-être mérité de ne pas l'être justement) demeure ultra classique, la mise en dessin est particulièrement réussie, tant au niveau du découpage très dynamique, que de la bichromie plutôt bien choisie. Le fond noir de chaque page renforçant encore la lourdeur de l'histoire. L’ambiance est glauque à souhait. Certes, les plus habitués du genre auront vite fait de découvrir la vérité sur les pièces manquantes du puzzle, mais les autres prendront plaisir à reconstruire l'énigme qui ne se dévoile que dans les toutes dernières pages. De bonnes idées ponctuent une narration qui fera plaisir aux initiés des escapes games et autres jeux de rôles grandeur nature. Une fois l'énigme révélée, il devient encore plus intéressant de relire toute l'histoire afin d'emboiter les indices et d'apprécier les nombreux petits détails distillés par les auteurs.

    "Puzzle" n'est certainement pas l'oeuvre originale par excellence, mais elle se distingue par sa finesse à agencer des lieux pourtant communs et parvient à tenir le lecteur en haleine jusqu'à la dernière case ce qui, finalement, peu d'histoires du même genre parviennent à réaliser.


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