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    Emprise

     

    Scénario :   Aurélien Rosset
    Dessin :   Aurélien Rosset
    Genre :   Fantastique, horreur
    Année :   2015
    Edition :      Akileos
    Nombre de tomes :   one shot
    Statut :   Unitaire
    Public :   Pour adulte


    Emprise couv 01


    L'histoire
    En quelques jours, la petite ville de Shelter’s Lot a basculé dans l’horreur. Le soir où le doyen de la communauté décède, une violente tempête éclate, causant de très importants dégâts. Après avoir découvert de nombreuses carcasses d’animaux, un garde forestier est agressé par une mystérieuse ombre. Un adolescent est retrouvé mort, le corps horriblement mutilé, et une deuxième disparition est signalée. L’enquête du lieutenant Obson va rapidement plonger dans des événements indicibles dont l’origine est étroitement liée au passé de la petite bourgade.

    Emprise extrait 01

    Mon avis
    Très bonne surprise que ce one shot horrifique, scénarisé et dessiné par Aurélien Rosset, qui signe ici son premier roman graphique. En effet, contrairement au film d'horreur, il est très compliqué, dans la BD d'horreur, de créer de l'angoisse chez le lecteur car celui-ci a la possibilité de refermer le livre en une fraction de seconde, sans être forcément encore envouté par des sons et des bruits. Pourtant, Aurélien Rosset parvient à nous captiver de bout en bout malgré, il faut bien l'avouer, une histoire bien classique et des effets sanguinolents vu plusieurs fois. Mais la narration étant très bien menée, on se retrouve à tourner les pages sans s'en rendre compte, absorbé de bout en bout, en se demandant en permanence qui va y passer, et comment tout cela va se terminer. Les personnages, bien qu'archétypaux, sont bien campés et intelligemment intégrés à cette histoire qui se raconte par sa narration, mais également par son background qu'il est important d'explorer pour en comprendre tous les tenants et aboutissants. En effet, l'auteur à eu la bonne idée de ponctuer son récit sous la forme de chapitres, chacun précédé par une reconstitution d'articles de journaux, de notes de polices, de comptes rendus, photos, rapports, qui permettent au lecteur d'avoir des éléments supplémentaires pour comprendre mieux ce qu'il se passe dans cette ville où le mal demeure caché dans l'obscurité et décide aujourd'hui de se réveiller. Le lecteur est ainsi associé à l'enquête avec quelques éléments d'investigation à consulter, leur consultation étant très accessible.

    Graphiquement, c'est très beau, l'auteur découpant son histoire à la manière d'un film, avec des angles décadrés, des perspectives troubles et des couleurs soignées. Le tout noyé par une pluie lourde et ininterrompue, l'ambiance est glauque, lourde, à souhait. Les personnages sont tous très différentiables, malgré des coups de crayons parfois proches du croquis nerveux. L'auteur donne en effet à chacun de ses protagonistes des caractérisations physiques très singulières, ce qui facilite la lecture où les personnages secondaires sont nombreux et ont tous (ou presque) un petit rôle à jouer. Un gros travail a été accompli sur la lumière qui éclaire les visages, parfois par les éclairs, les lampadaires, les phares des voitures, la lune, et d'autres sources plus fantastiques...

    "Emprise" ravira tous les amateurs du genre, fan de monstres maléfiques, d'orages ténébreux et d'anciens asiles psychiatriques forcément hantés. Il convient de s'installer confortablement, et prendre le temps de le lire pour suivre l'évolution de chacun des personnage et d'explorer le background bien pensé. A noter qu'une suite est en préparation.


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    Les ombres

     

    Scénario :  
    Dessin :  
    Genre :   Fantastique, onirique
    Année :   2013
    Edition :      Phébus
    Nombre de tomes :   one shot
    Statut :   Unitaire
    Public :   Tout public



    Les ombres couv 01


    L'histoire
    Une salle d’interrogatoire à la lumière crue. Une chaise, un bureau, un décor dépouillé. Tête baissée, dos voûté, une enfant demande de l’aide et doit raconter son histoir, revenir sur son passé et sur les raisons qui l’ont conduites ici. Lui et sa sœur n’avaient d’autre choix que de fuir leur terre natale mise à feu et à sang par des cavaliers sanguinaires. Effrayés et sans repères, ils ont traversé les forêts, les déserts, les villes et les mers : une véritable épopée peuplée d’êtres aussi mystérieux qu’effrayants, de l’ogre capitaliste au serpent-passeur, des sirènes trompeuses à ces ombres frémissantes et omniprésentes, comme des voix venues de l’au-delà.

    Les ombres extrait 01

    Mon avis
    Tout ce d'abord, ce qui frappe avec cette oeuvre si singulière, ce sont ses graphismes pastels et ses personnages tout droit sortis d'un conte pour adulte, puis ses ombres qui tentent d'exister à travers les nombreux décors que vont traverser les héros. Les planches sont tout simplement magnifiques et le superbe objet, le livre en tant que tel, dans un très grand format, permet une immersion immédiate du lecteur.

    A la base, "les ombres", c'est un long projet artistique que l'auteur, Vincent Zabus, a porté dans une pièce de théâtre. Frustré de n'avoir pu aller au bout de son ambition et des messages qu'il avait envie de faire passer, il s'est rapproché du talentueux Franck Meynet, dit Hippolyte. Et la BD "les ombres" est née.

    "Les ombres", qui risque malheureusement de rester encore longtemps d'actualité, narre la fuite et la détresse de ces migrants, obligés de fuir leur pays en guerre et condamnés à rester des étrangers, des mal-venus partout où ils iront. Chaque nouvelle journée demeure une épreuve pour survivre. Entre la guerre, les esclavagistes, les passeurs, les éléments, et simplement la faim, rien ne leur est épargné ; pas même la possibilité d'être considérés comme des êtres humains, alors qu'ils ne demandent qu'une seule chose, être chez eux.

    Et puis il y a ces ombres, les fantômes du passé, qui n'existent presque plus pour personne, à part les survivants qui osent raviver leur souvenir. Oui, "oser", parce que parler de sa région, de sa pauvreté, de sa spiritualité, de là où l'on vient ne fait pas bon genre pour les beaux pays, les pays d'en haut, ceux qui "accueillent". Et pourtant, ces ombres font partie de l'identité de ces réfugiés. Ce sont leur père, leur mère, leurs amis et famille. Les oublier, c'est s'oublier soi, et s'oublier soi, c'est ce que demandent les terres d'accueil finalement hostiles et insensibles à la détresse.

    "Les ombres" est une oeuvre sombre et tristement d'actualité qui est évidemment à conseiller aux lecteurs sensibles au sujet, mais également à celle et ceux qui sont en écho avec les langages poétiques et l'onirisme.


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    Pandemonium

     

    Scénario :   Christophe Bec
    Dessin :   Stephano Raffaele
    Genre :   Fantastique, horreur
    Année :   de 2007 à 2011
    Edition :   Les Humanoïdes Associés
    Soleil Productions
    Nombre de tomes :   3
    Statut :   Série terminée
    Public :   Pour adulte



    Pandemonium tome 1 Pandemonium tome 2 Pandemonium tome 3


    L'histoire
    Le Waverly Hills Sanatorium fut l'un des établissements les plus réputés des Etats-Unis en matière de traitement de la tuberculose. Entre 1920 et 1960, plus de 63 000 personnes y ont trouvé la mort. Cet énorme bâtiment construit en forme d'ailes de chauve-souris, aujourd'hui en ruine, a été classé parmi les 10 endroits les plus effrayants au monde.

    C'est dans ce décor que débute l'histoire : été 1951, Doris amène Cora, sa petite fille malade au sanatorium. Doris y avait été soignée à l'âge de 11 ans et elle a trouvé un arrangement pour y travailler en tant qu'infirmière, en échange de la prise en charge par l'hôpital des soins de Cora. Doris avait eu beaucoup de chance. Elle ne se doute pas qu'elle ne pouvait pas trouver pire endroit au monde pour faire soigner sa fille.

    Pandemonium extrait 01

    Mon avis
    Christophe Bec, le plus américain des auteurs français, livre ici certainement l'une de ses meilleures oeuvres. En effet, si l'on peut reprocher à cet auteur d'avoir souvent de bonnes idées de début d'histoire, mais qu'il ne sait jamais vraiment les terminer, ici c'est un peu tout le contraire. Bec nous emmène dans une histoire de fantôme en hôpital plus que classique, mais qui se révèle bien structurée, prenante de bout en bout, avec son petit lot d'esprits des anciens patients errants dans les couloirs de ce sanatorium lugubre où, dès les premières pages, on se doute que rares sont ceux qui sont entrés ici en sont sortis vivants.

    Au programme donc : fantômes, docteurs plus bourreaux que médecins, opérations bien sales, cadavres, hémoglobine coagulée, hallucinations, ambiance glauque, couloirs lugubres, hurlements et vieux secrets. Tout le cocktail effectivement très classique de ce genre d'histoire, mais qui fonctionne toujours aussi bien. A noter que l'auteur apporte un soin tout particulier à nous présenter certains protocoles thérapeutiques du début du XXème siècle avec tout son lot de beaux outils métalliques qu'on utilisait pour trépaner, opérer, ouvrir, refermer des corps qui auront servi de tests durant plusieurs sombres décennies. La médecine moderne semble du coup très rassurante !

    Graphiquement, cela se rapproche du comics nord-américain. On aime ou on aime pas ; avec une progression du premier au dernier tome, plutôt intéressante. Même si l'on peut être surpris de l'évolution importante du second au troisième. L'ambiance reste bien glauque et les décors, notamment le sanatorium en tant que tel, sont superbes.

    Si "Pandemonium" n'est pas d'une originalité folle, son ambiance bien glauque, son scénario construit et bien abouti jusqu'au bout en font une BD horrifique qui ravira les fans de genre. A noter que l'intégrale propose un petit cahier graphique ainsi qu'une postface racontant l'histoire du sanatorium très intéressante.


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    Monsieur Noir

     

    Scénario :   Jean Duffaux
    Dessin :   Griffo
    Genre :   Fantastique, Conte
    Année :   1994 à 1995
    Edition :      Dupuis
    Nombre de tomes :   2
    Statut :   Série terminée
    Public :   Tout public, avec réserves



    Monsieur Noir tome 01 Monsieur Noir tome 02


    L'histoire
    L'Angleterre, au siècle dernier. La jeune Fanny vient tout juste de perdre sa mère. Orpheline, elle est accueillie par son Oncle, le Lord Charlestone, dans l’étrange château de Blacktales. Dans cette immense demeure où il est si facile de se perdre et qui semble ne pas avoir d’extrémité, tout le monde est la recherche de "la plume". Cette plume qu’ils doivent coûte que coûte retrouver avant le retour de Monsieur Noir. Ainsi, suivant les sept cent quarante-huit rites du château, rencontrer des personnages aussi singuliers que dangereux, pactisant tant que les clans des Tohus, maitres de la demeure, et les Bohus, dissidents secrets, Fanny va se perdre elle aussi dans la quête de la plume va semer la mort et la folie.

    Monsieur Noir extrait 1

    Mon avis
    Jean Duffaux, avec "Monsieur Noir", signe ici sa meilleure oeuvre, avec un indispensable conte noir pour adulte qu'il est impératif de découvrir. Rappelant la trilogie "Gormenghast" de l'auteur Mervyn Peake, Duffaux nous emmène à la rencontre de personnages tous plus sombres les uns que les autres où la petite Fanny semble être l'unique rayons de soleil dans cet immense château, allégorie de notre monde ultra-politisé et profondément injuste. Car c'est de cela que traite cette histoire : de la folie des Hommes à pourchasser sans cesse le pouvoir, être prêts à tout pour le prolonger encore et toujours, quitte à y perdre son humanité. Mais de toutes manière, que faire de cette humanité là où ses congénères l'ont perdu également ? Fanny représente l'innocence de l'enfance, déjà convoitée par les prédateurs qui l'entourent, déjà grignotée par l'adulte qu'elle sera, une adulte qui, comme les autres, ne vivra que pour prolonger une nouvelle fois le pouvoir qu'elle pourrait voler. L'auteur ici n'offre finalement aucun espoir au lecteur tout en lui rappelant que rien n'est jamais acquis, que tout est voué à l'échec.

    Graphiquement, Griffo nous régale avec des dessins fouillés, des visages, certes classiques dans l'univers des contes, mais qui racontent à eux-mêmes toutes les déviances de notre espèce. Les décors sont somptueux, le châteaux "vivant" étant un personnage à part entière. Les couleurs, quant à elles, signées par Anaïs, oranges-jaunes-marron-vermillon pourraient être critiquées par le lecteur d'aujourd'hui car elles dénotent de celles utilisées dans la BD contemporaines. Pourtant, celles-ci renforcent complètement les enjeux dramaturgiques des auteurs. Les personnages eux-mêmes confient leur tristesse d'avoir vu le rouge du manteau de l'un des personnages viré au triste marron des nippes qu'il porte aujourd'hui.

    "Monsieur Noir" est un diptyque profond qu'il convient de découvrir. Celui-ci possède énormément de symboles pas toujours simples à identifier, ce qui en fait un oeuvre d'autant plus passionnante à analyser. Et si la fin peu paraitre abrupte, celle-ci est parfaitement justifiée et demeure complètement expliquée tout au long des pages qui la précèdent. Encore faut-il vraiment les lire et les comprendre...


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    L'aimant

     

    Scénario :  
    Dessin :   Lucas Harari
    Genre :   Fantastique
    Année :   2017
    Edition :      Sarbacane
    Nombre de tomes :   one shot
    Statut :   Unitaire
    Public :   Tout public



    L'aimant couv 01


    L'histoire
    Pierre, jeune étudiant parisien en architecture, entreprend un voyage en Suisse afin de visiter les thermes de Vals. Ce magnifique bâtiment, conçu par le célèbre architecte suisse Peter Zumthor, au cœur de la montagne, le fascine et l’obsède. Cette mystérieuse attraction va se révéler de plus en plus forte à mesure que Pierre se rapproche du bâtiment…

    L'aimant extrait 1

    Mon avis
    Pour une première oeuvre, celle-ci est une très bonne surprise. Sans être complètement original, l'auteur, Lucas Harari, maitrise son sujet à fond. L'histoire est solide et l'ambiance des thermes de Vals est parfaitement reconstituée. Car oui, ces thermes existent bien. Nichés au fond de la vallée de Vals, en Suisse, ceux-ci possèdent une ambiance singulière qui ont bien inspiré l'auteur au point d'en écrire une histoire mystérieuse.

    Graphiquement, c'est très beau même si l'on sent encore parfois un trait qui se cherche. Certaines planches sont magnifiques. De plus, l'auteur a décidé de n'utiliser qu'un simple trait noir pour séparer chaque vignettes, de la bichromie, ce qui renforce encore la sensation d'enfermement que peuvent créer les thermes, mais également le village et ses montagnes que la neige semble ne jamais s'arrêter de recouvrir. L'objet en tant que tel est également très beau : format très grand, papier mat, dos toilé. Que demander de mieux ?

    "L'aimant" est une oeuvre initiatique. Elle pose des questions sur l'obstination, la folie, les anciennes croyances, et l'importance d'accomplir ses quêtes personnelles. Si l'auteur ne répond pas forcément à ses propres questions, il nous emmène dans un monde bien étrange qui mérite le détour.


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